ARFI - À la Recherche d'un Folklore Imaginaire

ArtistesThibaut Martin

Thibaut Martin

batterie

Thibaut est un planqué. Son patronyme insignifiant lui assurant déjà une confortable invisibilité, il s’aperçoit vite qu’il veut passer inaperçu. Satanée chevelure blanche un peu trop visible derrière le mur de tambours et de cymbales de sa batterie, il occupe la place du mauvais élève au fond de la classe, celui qui parle peu, ne fait que redoubler, ne lève jamais le doigt, mais dispose de tout le temps et le loisir d’observer le groupe : il sait très bien qui est la meilleure élève, qui est le fayot, pour qui vote la prof et sur qui il pourra compter pour partager un goûter à la récré. Il observe les autres comme il a longtemps observé la batterie : longue scrutation muette avant de se permettre enfin d’avoir le droit d’y toucher.

Patience. Pas de précipitation, même si ça ne l’a pas toujours aidé à faire les choses dans l’ordre. Il s’est par exemple retrouvé à ses débuts à jouer de la batterie dans un big band de jeunes alors que son premier cours de batterie avait lieu le soir après la répétition. L’ARFI permet aussi aujourd’hui ce genre de plaisir, à tout âge donc.

Patience. Pas d’emportement. S’il y a bien un truc qui ne l’intéresse pas, c’est le conflit. Il gère sa musique comme il gère la vaisselle, avec beaucoup d’égard et de douceur : on n’a pas eu le temps de finir le café que la cuisine est déjà toute rangée, toute propre et accueillante. Il faut qu’il s’y sente bien dans cette cuisine, il faut qu’il s’y sente bien dans cet orchestre. Quand toutes ces conditions sont réunies, il peut jouer très fort et frapper comme un gros bourrin… ou pas. Il veut bien jouer du vibraphone ou des samples aussi, mais c’est comme la batterie : c’est à condition que ça lui plaise.

Efficacité redoutable de discrétion qui nous conquiert aussitôt quand il s’est convaincu lui-même, quand il a trouvé le bon alliage, le bon son, la bonne mesure… et l’orchestre n’a plus qu’à en profiter, se laisser porter par son jeu ou ses compositions, empreintes elles aussi de cette même quiétude attentive.

Co-directeur artistique de l’Arbre Canapas, il joue aujourd’hui dans Machines à liberté, Eidolons et, dans les groupes passés, La Table de Mendeleïev, L’Effet de feohn hekla ou l’Elefanfare. En parallèle, il a toujours fait la vaisselle avec des groupes aux esthétiques très variées : chanson, jeune public, rock’n’roll, électro, danse, théâtre…

Planqué dans l’ARFI, il débarrasse la table avec la Marmite Infernale et Le Masque de Fer.